• Deux ans après le coup d'Etat "Noel à Abidjan", BEN RASSOUL, le chef de cabinet privé de IB rompt le silence

    ben rassoul timitéBen Rassoul Timité est le chef de cabinet du sergent chef Ibrahim Coulibaly dit ‘’IB’’. Ce jeune homme de 32 ans, qui a fait ses premières armes de lutteur à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), a pris goût, depuis son enfance, à des aventures périlleuses. Ni la prison, ni l’exil encore moins les tentatives d’assassinat n’ont entamé sa détermination à participer à l’avènement d’une nouvelle classe politique en Afrique en général et particulièrement en Côte d’Ivoire. Depuis bientôt deux ans, ce natif du nord de la Côte d’Ivoire est à nouveau en exil suite à l’opération baptisée "Noël à Abidjan", du nom d’une tentative de coup d’Etat déjouée dans la nuit du 26 au 27 décembre 2007. Des extraits de vidéo le montraient alors aux côtés de ‘’IB’’ et certaines personnes tenant des propos ambigus s’apparentant à la préparation d’un coup de force militaire. Deux ans après, retour sur cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive.


    ‘’Noël à Abidjan’’, ça fait deux ans aujourd’hui. Que s’est-il vraiment passé ? Avant tout propos, souffrez qu’en mon nom personnel et au nom du président Ibrahim Coulibaly, je présente les vœux du nouvel an à tous les Ivoiriens, amis de la Côte d’Ivoire et singulièrement à vos lecteurs. Je demande à l’Eternel des armées de nourrir de doses conséquentes de bonne foi les acteurs qui tiennent les rênes du processus électoral afin que l’année 2010 soit celle de la tenue effective de l’élection présidentielle et que la Côte d’Ivoire commence à renouer avec son image d’antan. Pour revenir à votre question, je dirai simplement que ‘’Noël à Abidjan’’ ne s’apparentait pas à la préparation ou à la réalisation d’un coup d’Etat comme cela a été dit et écrit. C’est la mauvaise foi chosifiée de certains individus qui, voulant donner dans l’intoxication et la désinformation, ont propagé la rumeur selon laquelle nous voulions faire un coup de force.

    Quelle est la vérité sur cette affaire ?

    La vérité et je vous l’ai déjà dit, est que nous préparions la réalisation d’un documentaire sur la vie de ‘’IB’. Il fallait montrer à un moment donné de sa vie que l’homme, contrairement à tout ce qu’on peut lui coller injustement comme étiquettes est toujours attaché à sa patrie. Ainsi, le documentaire devait s’évertuer à mettre en exergue comment ‘’IB’’ s’est révélé à la face de la nation. Quelles ont été les grandes étapes de sa vie, de son combat jusqu’alors. C’est ainsi que par l’intermédiaire d’un ami à IB, nous sommes rentrés en contact avec Jean Paul Ney dont les compétences en matière de photojournalisme ne font l’objet d’aucun doute. Il est d’ailleurs l’auteur de plusieurs ouvrages photographiques dont « Le dernier rempart » préfacé par l’actuel président de la France, Nicolas Sarkozy. Nous avons donc réalisé qu’il pouvait faire le travail à la hauteur de nos espérances. Malheureusement, il y a eu plus tard toute une campagne médiatique de manipulation et de désinformation. Une autorité politique des Forces nouvelles est même allée jusqu’à menacer des journalistes qui tentaient de rétablir la vérité. C’est dommage pour cette nation dont les fils aspirent à beaucoup plus de démocratie.

    ‘’IB’’ voulait-il vraiment faire un coup d’Etat ?

    Négatif. IB ne voulait pas faire de coup d’Etat d’autant que le congrès de notre parti, UNIR, était prévu pour se tenir le 24 Février 2008. Cette date était tout un symbole pour nous. Souvenez-vous que IB est né le 24 Février 1964 à Bouaké. On ne pouvait pas prétendre organiser un congrès et en même temps chercher à mettre la vie de nos militants en danger. Nous attendions à ce congrès plus de 4000 délégués. C’est à juste titre que nous avons confectionné des tee-shirts qui ont été maladroitement présentés dans les extraits vidéo comme étant des tee-shirts de ralliement. Rien que de la mauvaise foi.

    Se serait-il fait piéger alors ?

    Je ne parlerai pas de piège. Il y a eu de la manipulation technologique des vidéos qui ont été réalisées. Les individus qui se sont adonnés à cet exercice de mauvais aloi ont tout simplement extrait les parties des vidéos qui démontraient effectivement que IB ne préparait pas de coup d’Etat. J’ai moi-même réalisé certaines parties de ces vidéos où en me mettant dans la peau de journaliste, j’ai mis ‘’IB’’ en situation d’homme politique jouant pleinement son rôle de leader d’opinion, de lutteur avant-gardiste. Mais avec le montage malhonnête qui a été fait, ces parties ont été sciemment coupées. Au finish, un montage a été fait pour donner l’impression à l’opinion nationale et internationale qu’un coup d’Etat était en train d’être ourdi.

    Connaissiez-vous les Blancs qui étaient dans ces films ?

    Non, nous ne les connaissions pas.

    Comment se sont-ils retrouvés avec vous ?

    François Cazé s’est présenté à un ami de IB comme étant quelqu’un qui voulait réaliser un film sur la vie de IB. Et comme par coïncidence, nous avions eu la même idée, nous n’avons trouvé aucun inconvénient. C’est ainsi qu’il nous a présenté plus tard Jean Paul Ney qui s’y connaissait, nous a-t-il dit. Quand j’ai personnellement rencontré Jean Paul Ney à Cotonou, nous avions échangé des préalables en ce qui concerne les droits d’auteur du documentaire. Les choses étaient donc claires.

    Pourquoi aviez-vous accepté d’être filmé ?

    C’est ce que je vous ai dit tantôt. Pourquoi voulez -vous qu’on refuse de se faire filmer alors même qu’on veut réaliser un documentaire. Ce n’est pas de la dichotomie ça ? Tout combattant pour les libertés digne de ce nom ne saurait se dérober à cet exercice qui permettrait d’immortaliser sa lutte pour la justice sociale, la démocratie, l’unité et que sais-je encore. Che Guevara, si je ne m’abuse, est aujourd’hui l’idole de presque tous les grands leaders contemporains. Moi personnellement, c’est mon idole. Mais je ne l’ai pas connu. Puisqu’il est mort le 9 octobre 1967 en Bolivie. Soit dix ans avant ma naissance. Ce sont les documentaires réalisés sur sa vie qui m’ont permis de savoir qui fut Ernesto Raphael de la Serna. Je peux citer plusieurs autres exemples comme Martin Luther King, Patrice Lumumba, etc.

    Les Blancs en question ont eu à fournir plusieurs témoignages dans des enquêtes télévisées par des médias français. Avez-vous suivi la diffusion de ces documents ?

    Bien sûr. Vigilance oblige.

    Que dites-vous de tout ce qu’ils ont révélé qui s’apparente à un coup d’Etat ?

    Ces documentaires ont fini par mettre au gout du jour la vérité. Si IB et ses hommes ont eu l’intention de réaliser un documentaire et que ce noble projet a été utilisé à d’autres desseins, ces documentaires de l’agence CAPA ont fini par démontrer que IB est blanc comme neige dans cette affaire. Même s’il faut reconnaître que dans le documentaire des vérités et des contrevérités se sont côtoyées. Au nom de l’équilibre de l’information et de la clarté, j’aurais voulu personnellement intervenir dans ce documentaire qui a permis à des gens d’engranger des sous sans que je ne leur demande des droits d’auteur pour certaines parties.

    Peut-on parler de documentaire avec les propos tenus par ‘’IB’’, qui annonçaient la chute de Gbagbo ‘’avec son chenapan de Soro’’ ?

    La tenue d’une élection présidentielle transparente et crédible devait permettre à notre formation politique de battre M. Laurent Gbagbo dès le premier tour. Et c’est en cela que IB ne doutait pas un seul instant de son accession à la magistrature suprême et cela de la façon la plus démocratique possible. Donc, ces propos dans un documentaire ne doivent pas faire l’objet de fixation. Il faut qu’on avance. Les mentalités doivent évoluer. L’Ivoirien ne doit plus se dire que parce que tel a dit ceci ou cela, il prépare l’apocalypse. Dépassionnons le débat et allons à l’essentiel. Sinon, vous voyez des humoristes qui se proclament parfois "Président ". M. Gbagbo Laurent se serait fié à tout cela qu’il n’aurait plus de peuple pour gouverner. Même vous les journalistes, il n’y a pas un seul jour où le président de la République n’est pas attaqué dans certaines presses. On aurait pu parler de délit de presse. Mais, est-ce qu’il vous a jetés en prison pour cela. Si j’ai bonne mémoire, je vous cite des titres, "10 ans de régime Gbagbo, que de scandale financiers. Report de la présidentielle ?, 2 solutions pour faire reculer Gbagbo, Bédié et Ouattara aux aguets". Je me limite là. A lire ces titres, Bédié et Ado ne sont-ils pas en train de préparer la chute de Gbagbo ? Simple question. Avançons dans la tête et préparons dans la sérénité mais surtout dans la confiance, l’avenir des générations futures. Que dites-vous aussi des propos tenus par certains acteurs présents dans la vidéo et du discours de prise de pouvoir de ‘’IB’’ également préenregistré ? Monsieur, ces discours ne sont pas nouveaux. Je vous ai donné tout à l’heure des exemples. Il y a un opposant ivoirien, candidat à la présidentielle qui, criant son ras-le-bol récemment à un meeting, affirmait à l’endroit du chef de l’Etat, je le cite : « y ‘a plus de flôcô, on va les tèguè, ils vont béou ». Donc, je veux vous faire comprendre que ce sont des discours de salon qui se tiennent quasi-quotidiennement. Les Ivoiriens sont fatigués et ne demandent seulement qu’on leur permette d’avoir le minimum vital. Regardons autour de nous, des pays qui n’arrivaient pas à notre cheville sont en train de se développer avec l’argent du diamant volé chez moi à Séguéla, avec l’argent de l’or volé, avec l’argent des bois coupés dans des forêts classées de Katiola. Des pays sont devenus exportateurs de café et de cacao nonobstant le fait qu’ils n’ont pas un seul plant de ces produits chez eux. Voici des questions essentielles auxquelles les Ivoiriens voudraient trouver des réponses. Parlant du discours de prise de pouvoir que vous évoquez, c’est une information que vous me donnez, parce que dans aucune des vidéos, il n’y a quelque part ce fameux discours dont vous parlez. Ces vidéos ne constituent même pas le corps du délit.

    Même Jean Paul Ney parle de coup d’Etat et dit qu’il a été engagé par l’autre Blanc plus présent dans les images, Jean François Cazé ?

    Cazé et IB, cela fait deux personnages différents même si les noms ont le même nombre de syllabes. IB faisait réaliser un documentaire sur sa vie. Des individus avaient-ils d’autres intentions, je ne le sais pas. Mais, en tout état de cause, nous avions compté sur la bonne foi des uns et des autres pour réaliser un documentaire sur la vie de IB. Quitte à dire que Ney a été employé pour participer à la réalisation d’un coup d’Etat, je mets cela sur le compte des fanfaronnades. Du jour de son arrestation jusqu’à sa mise en liberté, Jean Paul Ney n’a cessé de dire des incohérences. Il disait et se dédisait. Peut-être que la pression de la prison était très forte. Toute chose qui l’amenait à dire des choses pour espérer s’en sortir. De deux choses l’une. Ou Jean Paul Ney était sincère avec nous dans la réalisation d’un documentaire, ou bien il était habillé en espion. Je détiens encore quatre livres sur l’espionnage, qui lui appartiennent et qu’il lisait couramment. Moi-même, à force de les lire, j’ai failli devenir un espion. Donc je ne lui en veux pas tellement, surtout que plus tard, nous apprendrons qu’il a des troubles psychiques qui l’amènent parfois à "dégammer" comme on dit à Adjamé (Ndlr : une commune populaire d’Abidjan).

    Dans une interview exclusive à un confrère, Jean Paul Ney vient d’affirmer que IB se trouve au Ghana avec l’autorisation de Gbagbo Laurent. Qu’en dites-vous ?

    Vous savez, j’ai moi-même fait la prison, au moins deux fois, même si je n’ai jamais commis de délit. Vous pouvez vous rassurez. La prison est quelque chose de fondamental pour le mental. La prison est une usine qui façonne l’homme. Elle fortifie ou elle fragilise. Je pense qu’on peut inscrire les affirmations de Jean Paul Ney sous cet angle. Il a été affecté. Ce qui l’amène à dire des contre-vérités. A la lecture d’une telle affirmation, qui ne connaît pas Jean Paul Ney, peut croire à de telles assertions. Je me rappelle que François Cazé me disait de faire attention à lui parce qu’il disjoncte souvent. Le fait qu’il dise que IB est au Ghana avec l’autorisation de Gbagbo ne me surprend donc pas. Tout d’abord, IB n’est pas au Ghana. Même s’il me fait l’honneur de me rendre visite ici à Dakar. Ensuite, IB n’est pas dans un pays avec l’autorisation de Gbagbo Laurent. Sinon comment comprendre que IB soit dans un pays avec l’aval du chef de l’Etat et que ce dernier cherche par tous les moyens à le faire arrêter ? Jean Paul Ney feint peut-être de ne pas savoir que l’Etat de Côte d’Ivoire a lancé un mandat d’arrêt international contre IB. Ce dont je ne me doute pas est que Jean Paul Ney veut peut-être accabler Gbagbo Laurent.

    Pourquoi restez-vous encore en exil ?

    Je reste en exil parce que je suis recherché par les autorités militaires de mon pays. Juste avant de quitter le pays, j’ai échappé à trois tentatives d’enlèvement à mon domicile. Vous pouvez mener vos enquêtes. N’oubliez pas aussi qu’il y a un mandat d’arrêt international qui plane sur la tête de mon mentor pour un documentaire dans lequel je figure. En plus de cet état de fait, il n’y a pas longtemps, des éléments des Forces nouvelles basées à Man ont tenu une réunion pour statuer sur mon assassinat. Donc comprenez que je ne peux pas jouer les durs. C’est vrai que quand c’est dur, seuls les durs avancent. Mais Dieu lui-même a dit, aide-toi le ciel t’aidera. Mon aide consiste à demeurer un peu encore en exil en attendant que le ciel se dégage de ses nuages sombres.

    A quand le retour au pays et à quelle condition ?

    Quand j’aurai la certitude que je peux retourner dans mon pays sans être inquiété, alors j’analyserai les conditions afférentes à mon retour.

    ‘’IB’’ avait déclaré qu’il reviendrait finalement prendre le pouvoir par les urnes. Pourquoi n’a-t-il plus présenté sa candidature ?

    La candidature de IB n’a pas survécu aux divergences idéologiques au sein du parti. D’aucuns ont estimé que l’élection présidentielle du 29 novembre 2009 n’était qu’un leurre. En outre, ils ont estimé qu’il y avait une discrimination entre les candidats. Alors qu’on demandait à certains de déposer mille papiers, on demandait à d’autres de n’en déposer qu’un seul. Toute chose qui est contraire aux principes de démocratie et qui prend le contre-pied de notre jeune Constitution qui prône l’égalité entre tous les fils. Comment voulez-vous qu’on se mette aux côtés de ‘’IB’’ pour lutter contre l’injustice, l’inégalité et en même temps, par des légèretés comportementales, on soutienne une quelconque discrimination ? Il faut être constamment du côté du peuple quoi que cela coûte. Toutefois, nous n’avons rien contre certains de nos adversaires qui sont aujourd’hui candidats par repêchage. C’est peut -être une chance pour eux de bénéficier de cette faveur. Mais au niveau de UNIR, nombreux ont été les militants qui ne voulaient pas soutenir cette mascarade. La liste des arguments récriminatoires des camarades qui ont milité pour le non-dépôt de la candidature de IB est longue.

    Le parti UNIR a volé en éclats. Comment avez-vous appréhendé cette division ?

    UNIR n’a jamais volé en éclats. Il est indubitable qu’il y a eu à un moment donné de notre histoire, des voix discordantes. Le camarade Claude Sahi a décidé de marquer une rupture structurelle d’avec le président Ibrahim Coulibaly. Il m’a évoqué personnellement ses raisons quand je lui ai rendu visite à son domicile. Il disait que la création du poste de cabinet de IB était la raison principale de son départ. Puisque je suis celui la-même qui a la destinée du cabinet, je lui ai alors dit au cours de nos échanges que j’étais prêt à démissionner de ce poste afin qu’il revienne au parti. C’est alors qu’il m’a rassuré qu’il n’en était rien et qu’il avait des problèmes existentiels qui l’empêchaient de participer effectivement aux activités du parti. Je n’avais malheureusement pas les moyens de le retenir. Plus tard, d’autres mobiles du départ de Claude Sahi ont été révélés, à savoir qu’il avait eu des propositions alléchantes de la part de Désiré Tagro qui lui aurait confié la mission d’arracher UNIR à IB. Voyez-vous que dans une telle posture, Claude Sahi ne pouvait qu’être dans une situation de non retour.

    D’aucuns disaient que c’est parce que ‘’IB’’ n’a pas la carrure pour diriger un parti politique que son parti est dans l’agonie

    Si l’agonie signifie déclin et fin prévisible de quelque chose, alors je peux vous rassurer que UNIR n’est pas dans l’agonie. UNIR est toujours présente dans le microcosme politique. Elle continue tout doucement de progresser dans son implantation sur toute l’étendue du territoire. Après seulement quatre ans d’existence, nous revendiquons aujourd’hui des centaines de sections. Je crois que le bilan est plus que satisfaisant. Quant à savoir si ‘’IB’’ a la carrure ou pas pour diriger un parti politique, cet argumentaire n’a de poids qu’en fonction de notre position politique. Si vous vous retrouvez du côté des éternels détracteurs de IB, inéluctablement vous militerez en faveur de tels pantalonnades. Ce genre de raisonnement relève de la caducité. Nous avons plus de 160 partis politiques enregistrés au ministère de l’Intérieur. Si vous demandez à M. Désiré Tagro de cette liste les présidents de partis qui ont la carrure pour diriger une formation politique, peut -être qu’il ne vous restera qu’une seule personne. En somme, c’est un débat dépassé. Il faut plutôt voir ce que le parti propose concrètement aux populations plutôt que de voir si son chef est affreux ou beau.

    Doumbia Major, un autre proche de ‘’IB’’ l’a aussi lâché. N’est-ce pas un mauvais signe pour le major que tous l’abandonnent ainsi au moment où il a le plus besoin de ses hommes ?

    Permettez que je vous rafraîchisse la mémoire. Doumbia Major est parti de l’effectif de IB depuis bientôt cinq ans. Mais IB est toujours resté debout. C’est cela un leader. Le tout n’est pas de tomber, mais non seulement de savoir mais aussi de pouvoir se relever quand on est tombé. IB a certes connu des moments tumultueux dans sa vie mais cela n’a jamais affecté sa témérité dans la lutte pour la démocratie. Ne voyez pas dans les départs des uns et des autres des mauvais signes. D’ailleurs, qu’est -ce qui vous dit que leur présence est bon signe ? Prenez l’Evangile selon Saint Luc, chapitre 22, verset 47 à 53 : « Jésus parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser. Jésus lui dit : ‘’ Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme’’ ? ». Jésus venait ainsi d’être lâché par Judas. Mais est-ce que Jésus n’est pas ressuscité ? Certes, l’homme contribue à bâtir le destin de l’homme, mais le destin de l’homme n’est pas dans la main de l’homme. Nombreux sont ceux qui sont partis et qui aujourd’hui tapent à la porte pour revenir. Je peux vous citer des noms. Mais mon éducation et ma formation ne me le permettent pas, sinon j’aurai livré un secret. Je termine par un proverbe de chez moi qui dit : « laissons le masque dans le sac pour l’adorer »

    Aujourd’hui, on parle d’une connexion ‘’IB’’ et Doué Mathias. En avez-vous connaissance ?

    Il n’y a jamais eu de connexion entre IB et Mathias Doué. Leur dernière rencontre date de l’ère de la transition militaire en Côte d’Ivoire.

    Ben Rassoul ne tarit pas d’idées et vient de mettre sur pied une nouvelle structure. De quoi s’agit-il ?

    Vous parlez certainement du MAIRE, le Mouvement d’Actions pour l’Intégration et le Renouveau. En fait le MAIRE ne date pas d’aujourd’hui. C’est un mouvement dont j’ai posé les jalons après ma retraite syndicale en 2001. Après les moments confrontationnels qu’a connus la FESCI avec son corollaire de dissidences et de morts, avec des camardes tels que Doumbia Adama Major, Feu Wayou Zibo Ezéchiel, nous avons eu l’ingénieuse idée de créer une structure qui allait encourager et soutenir les jeunes aux différentes élections, surtout les candidatures indépendantes. En effet, après une lecture minutieuse de la situation politique en Afrique, nous nous sommes aperçus que les jeunes étaient marginalisés dans les partis politiques au profit de la vieille garde. Il fallait réparer cette injustice. Mais quand je suis rentré d’exil le 1er mai 2006, j’ai proposé aux camarades une nouvelle orientation de la lutte par la définition de stratégies nouvelles tout en dégageant de nouveaux objectifs. C’est ce que nous avons fait avant que je ne retourne encore en exil.

    Aujourd’hui, quel objectif vise le MAIRE ?

    Après les assises que nous avons tenues, il s’agit maintenant pour le MAIRE d’œuvrer pour la promotion de l’intégration africaine et plus largement de l’intégration Nord-Sud. Nous sommes partis du constat que le mal pernicieux de l’Afrique n’est pas seulement le déficit démocratique comme veut le faire croire l’Occident mais le manque d’amour vrai entre les peuples. Pourtant, aucune nation ne peut se développer seule. Nous sommes donc condamnés à conjuguer l’intégration sinon nous allons régresser ensemble comme des idiots. Mais en même temps, nous sommes conscients que cette intégration sera utopique si les enfants du continent meurent par manque de soins. C’est pourquoi, au-delà de l’éducation, la formation, nous avons fait de la lutte pour le droit à la santé l’un de nos chevaux de bataille. Très bientôt, nous serons véritablement sur le terrain pour mener à bien notre combat.

    Si jeune et engagé dans des aventures périlleuses, que recherche Ben Rassoul ?

    Ben Rassoul préfère lutter un jour comme un lion que lutter cent jours comme un mouton. Certes, ce ne sont pas des choses faciles mais on dit en anglais ‘’no sacrifice, no victory’’. En d’autres termes, il n’y a pas de victoire sans sacrifice. Chaque génération a une mission. Soit, je décide de l’accomplir soit je la trahis. Pour ma part, tant que Dieu me donnera le souffle, je me battrai pour accomplir celle qui est la mienne. Je ne considère pas ces choses comme des aventures périlleuses. J’ai fait la prison pour mon engagement politique. Je suis en exil pour la deuxième fois, j’ai échappé à des assassinats, mais c’est cela la vie d’un combattant qui aspire à contribuer à donner du pain au peuple. Je termine par un appel à la jeunesse africaine. ‘’Jeunes de toutes les nations, unissons-nous pour imposer les Etats-Unis d’Afrique à nos dirigeants corrompus et égoïstes’’. Je vous remercie. Que Dieu bénisse les enfants de l’humanité toute entière.

    Entretien réalisé par Félix D.BONY/L'Inter


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